Vous êtes ici : Accueil > Conseils juridiques > PV de police routière : quand est-il invalide ?

PV de police routière : quand est-il invalide ?

11/12/2025
PV de police routière : quand est-il invalide ?
Découvrez quand un PV est invalide : vices de forme, compétence agent, mentions obligatoires. Conseils d'avocat pour contester efficacement

Saviez-vous que près d'un tiers des contraventions routières comportent des irrégularités susceptibles d'entraîner leur annulation ? Face à un procès-verbal de contravention, nombreux sont les automobilistes qui se résignent à payer sans connaître leurs droits. Pourtant, l'article 429 du Code de procédure pénale établit qu'un PV n'a de valeur que s'il est régulier en la forme et rédigé par un agent compétent. Maître HASSOUMI KOUNTCHE Boubacar, avocat à Caen, vous éclaire sur les conditions qui rendent un PV invalide et les moyens de le contester efficacement.

Ce qu'il faut retenir

  • Ne jamais payer l'amende avant de contester car le paiement vaut reconnaissance de l'infraction (article 529 du Code de procédure pénale) et rend toute contestation définitivement irrecevable
  • Vérifier systématiquement la date de vérification du radar pour les excès de vitesse (elle doit dater de moins d'un an) et demander impérativement le carnet métrologique complet
  • Contrôler que l'agent verbalisateur était bien compétent territorialement et que toutes les pages du PV sont numérotées et paraphées (absence de signature = nullité automatique)
  • Agir dans le délai de 45 jours à compter de la réception de l'avis en utilisant exclusivement le formulaire de requête en exonération par lettre recommandée avec AR

Les mentions obligatoires : première source d'invalidité

Un procès-verbal de contravention doit respecter un formalisme strict pour avoir valeur de preuve. La date, l'heure et le lieu précis de l'infraction constituent les premières mentions incontournables. Une simple erreur sur la localisation, comme l'indication d'une rue inexistante, peut suffire à faire tomber la procédure. Le PV doit également être identifié par un numéro unique permettant sa traçabilité dans le système judiciaire.

L'identification du véhicule et la description détaillée des faits reprochés doivent également figurer de manière claire et complète. Le PV doit mentionner la marque, le modèle et l'immatriculation du véhicule, bien que des erreurs sur ces éléments soient souvent considérées comme de simples erreurs matérielles par la jurisprudence. Selon l'article 429 du Code de procédure pénale, l'agent doit distinguer clairement ses constatations personnelles des faits qui lui ont été rapportés par des tiers.

La signature de l'agent verbalisateur, son numéro de matricule et le service auquel il est rattaché représentent des éléments essentiels. L'absence de l'un de ces éléments constitue un vice de forme substantiel qui peut entraîner la nullité du procès-verbal. De même, toutes les pages du document doivent être numérotées et paraphées par l'agent, y compris les annexes éventuelles.

À noter : Selon l'article 107 du Code de procédure pénale, les procès-verbaux ne peuvent comporter aucun interligne. Les ratures ou renvois doivent être approuvés par toutes les parties signataires, sinon ils sont considérés comme non avenus. Cette règle stricte vise à garantir l'intégrité du document et prévenir toute modification frauduleuse.

Des exigences spécifiques selon le type d'infraction

Pour les excès de vitesse, la réglementation impose des mentions supplémentaires cruciales. Le PV doit obligatoirement indiquer la date de la dernière vérification du radar, conformément à la jurisprudence de la Cour de cassation du 4 avril 2007. Cette vérification doit avoir été effectuée dans l'année précédant l'infraction, selon l'arrêté du 4 juin 2009.

Le point kilométrique exact de l'infraction doit également apparaître. Cette précision permet de vérifier que l'agent opérait bien dans sa zone de compétence et que les conditions de contrôle étaient appropriées. Par exemple, un radar mobile Mesta 208 doit être installé selon un angle de 25 degrés par rapport à l'axe de la route.

Pour les franchissements de feux rouges, les exigences diffèrent. La constatation étant effectuée par le Centre Automatisé de Constatation des Infractions Routières (CACIR), les mentions relatives à l'homologation du dispositif ne sont pas nécessaires, ce qui limite les possibilités de contestation sur ce type d'infraction.

Les vices de forme qui entraînent la nullité

La distinction entre simple erreur matérielle et vice substantiel s'avère déterminante dans l'appréciation de la validité d'un PV. Une erreur sur la couleur du véhicule ou une faute d'orthographe dans le nom du conducteur ne suffira généralement pas à obtenir l'annulation.

En revanche, l'absence de signature de l'agent ou l'impossibilité de l'identifier constituent des vices irrémédiables. De même, une erreur sur la date ou l'heure de l'infraction peut avoir des conséquences importantes, notamment si elle affecte la prescription ou l'alibi du conducteur (la prescription des contraventions étant d'un an à compter du jour de l'infraction selon l'article 9 du Code de procédure pénale).

Les erreurs de localisation méritent une attention particulière. Indiquer une rue qui n'existe pas dans la commune mentionnée ou situer l'infraction dans un département erroné représentent des vices substantiels. Un automobiliste pourrait ainsi prouver, plan de la ville à l'appui, que le lieu indiqué sur le PV est inexistant.

Exemple pratique : M. Dupont reçoit un PV pour excès de vitesse rue Victor Hugo à Caen. Or, après vérification sur le plan officiel de la ville, cette rue s'appelle en réalité avenue Victor Hugo depuis une délibération municipale de 2018. Muni du plan cadastral et de la délibération du conseil municipal, il conteste avec succès le PV devant le tribunal de police qui prononce la relaxe pour vice de forme substantiel, l'agent n'ayant pas correctement identifié le lieu de l'infraction.

Les défauts de compétence et irrégularités techniques

Un agent doit agir dans le cadre de ses fonctions et sur son territoire de compétence. Un policier municipal verbalisateur hors de sa commune commet un excès de pouvoir qui invalide le procès-verbal. Cette compétence territoriale s'apprécie strictement et toute infraction constatée en dehors des limites autorisées peut être annulée. Selon l'article L. 511-1 du Code de la sécurité intérieure, les policiers municipaux peuvent verbaliser seuls dans la limite de leurs attributions, contrairement aux autres agents assermentés qui nécessitent une habilitation spécifique pour chaque domaine d'infraction.

Les irrégularités concernant les équipements de contrôle constituent une source importante d'invalidité. Le carnet métrologique du radar, document recensant toutes les vérifications de l'appareil, doit pouvoir être produit. La Cour de cassation a confirmé le 8 janvier 2019 que les simples mentions du PV ne peuvent suppléer l'absence de ce document essentiel, bien que la jurisprudence reste contradictoire puisque le ministère public n'a pas d'obligation légale de joindre spontanément le carnet, mais la juridiction doit faire "toute vérification utile".

L'installation non conforme des radars mobiles représente également un motif d'annulation. Un radar positionné selon un mauvais angle ou dans des conditions ne respectant pas les prescriptions techniques du constructeur produira des mesures erronées, invalidant ainsi la procédure.

Conseil : Attention aux procédures de CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) ! Aucun vice de procédure ne peut être soulevé dans ce cadre, contrairement aux procédures classiques. Si votre avocat identifie des irrégularités dans le PV, refusez systématiquement la CRPC proposée par le procureur et demandez à être jugé selon la procédure ordinaire pour faire valoir ces moyens de nullité.

Construire une contestation efficace

La première règle absolue : ne jamais payer l'amende avant de contester. Selon l'article 529 du Code de procédure pénale, le paiement vaut reconnaissance de l'infraction et rend toute contestation ultérieure irrecevable. Cette erreur, fréquemment commise, prive définitivement l'automobiliste de ses droits.

Le délai de contestation de 45 jours court à compter de la réception de l'avis de contravention. Ce délai strict ne souffre d'aucune exception et son dépassement rend la requête irrecevable. Il convient d'utiliser exclusivement le formulaire de requête en exonération joint à l'avis ou d'effectuer la démarche sur le site de l'ANTAI. Attention, chaque acte interruptif de prescription (émission du titre exécutoire, consultation du fichier des permis, audition, transmission à l'OMP) remet le délai de prescription d'un an à zéro.

L'envoi doit impérativement s'effectuer par lettre recommandée avec accusé de réception, en joignant l'original de l'avis de contravention. Conserver l'enveloppe d'envoi des services administratifs peut s'avérer crucial pour prouver la date de notification en cas de litige sur les délais.

Les moyens de preuve et l'accompagnement juridique

La demande de communication du dossier pénal constitue une étape fondamentale. L'avocat peut solliciter, en vertu de l'article 388-4 du Code de procédure pénale, la copie intégrale du dossier pour identifier tous les vices potentiels. Cette analyse approfondie permet souvent de découvrir des irrégularités non apparentes sur le simple avis de contravention.

Les conclusions de nullité doivent être rédigées par écrit et transmises au procureur avant l'audience. Cette formalité conditionne leur recevabilité devant le tribunal. Les arguments doivent être plaidés "in limine litis", c'est-à-dire avant toute défense au fond, sous peine d'irrecevabilité.

  • Demander systématiquement le carnet métrologique pour les excès de vitesse
  • Vérifier la compétence territoriale de l'agent verbalisateur
  • Contrôler la présence de toutes les mentions obligatoires
  • Rechercher les incohérences dans les circonstances décrites
  • Constituer un dossier de preuves contraires (témoignages, documents)

L'article 537 du Code de procédure pénale prévoit que les PV font foi jusqu'à preuve contraire. Cette preuve ne peut être rapportée que par écrit ou par témoins. Un témoin unique peut suffire si son témoignage apparaît probant, même s'il entretient des liens d'amitié avec le prévenu. Toutefois, la jurisprudence écarte restrictivement les attestations écrites et les photographies comme moyens de preuve contraire, seuls les témoignages directs et documents officiels étant généralement acceptés.

À noter : Une fois le jugement devenu définitif, vous disposez encore d'un délai de 3 ans pour contester l'exécution de la peine selon l'article 133-4 du Code pénal. Ce délai de prescription de la peine court à compter de l'émission du titre exécutoire ou du jugement définitif, offrant ainsi une dernière opportunité pour faire valoir certains moyens de défense.

Face à la complexité des procédures et à la technicité du droit routier, l'accompagnement par un professionnel du droit maximise considérablement les chances de succès. Maître HASSOUMI KOUNTCHE Boubacar, fort de son expertise en droit pénal routier et infractions au Code de la route, accompagne les automobilistes dans leurs démarches de contestation depuis son cabinet de Caen. Sa connaissance approfondie des dernières évolutions jurisprudentielles et sa maîtrise des subtilités procédurales permettent d'identifier les failles des procès-verbaux et de construire des argumentaires solides. Si vous êtes confronté à un PV potentiellement invalide dans la région caennaise, n'hésitez pas à solliciter ses conseils pour faire valoir vos droits et éviter le paiement d'amendes injustifiées.