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Dépistage salivaire : peut-on vraiment contester un résultat positif ?

16/12/2025
Dépistage salivaire : peut-on vraiment contester un résultat positif ?
Découvrez comment contester un dépistage salivaire positif : vices de procédure, faux positifs et droits de contre-expertise

Contrôlé positif lors d'un dépistage salivaire alors que vous n'avez consommé qu'un simple médicament contre le rhume ? Cette situation, loin d'être anecdotique, touche des milliers d'automobilistes chaque année face à des tests dont la fiabilité scientifique reste discutable. La contestation d'un dépistage salivaire demeure possible, malgré le durcissement récent de la jurisprudence avec l'arrêt de la Cour de cassation du 12 mars 2025. Face aux sanctions lourdes encourues - jusqu'à 2 ans d'emprisonnement, 4500 euros d'amende et 6 points retirés - l'expertise d'un avocat s'avère cruciale. Maître HASSOUMI KOUNTCHE Boubacar, avocat à Caen, maîtrise parfaitement ces procédures complexes où chaque détail compte pour préserver vos droits.

  • Exigez immédiatement une contre-analyse sanguine en cas de test positif et réservez-vous expressément ce droit au moment du prélèvement (cette déclaration doit être consignée dans le procès-verbal)
  • Respectez impérativement le délai de 5 jours suivant la notification des résultats pour demander la contre-expertise (passé ce délai, vous perdez définitivement ce droit)
  • Documentez précisément tout traitement médicamenteux en cours avec ordonnances et certificats médicaux (dextrométhorphane, pseudo-éphédrine, antidépresseurs tricycliques peuvent causer des faux positifs)
  • Vérifiez la conformité de la procédure : le prélèvement doit être effectué par vous-même selon les modalités de l'arrêté du 13 décembre 2016 (tout prélèvement réalisé par l'agent entraîne la nullité)

Les failles techniques des tests salivaires : une fiabilité scientifique remise en question

Les tests salivaires utilisés lors des contrôles routiers présentent des taux d'erreur préoccupants qui remettent en cause leur fiabilité absolue. L'étude scientifique menée au CHU de Poitiers en 2010, portant sur 740 échantillons et évaluant spécifiquement le test RapidState, a révélé des résultats édifiants : 10,1% de faux positifs et 19% de faux négatifs.

Ces erreurs s'expliquent par plusieurs facteurs techniques. La réactivité croisée entre substances légales et illicites constitue le problème majeur. Certains médicaments couramment prescrits partagent des structures moléculaires similaires aux stupéfiants recherchés. La pseudo-éphédrine présente dans les décongestionnants nasaux, les antidépresseurs tricycliques, le dextrométhorphane (antitussif courant), voire l'ibuprofène peuvent déclencher un résultat positif.

L'exposition passive au cannabis représente une autre source de contestation légitime. Dans un véhicule où quelqu'un a fumé, les traces résiduelles de THC peuvent contaminer la salive d'un passager n'ayant jamais consommé. Les produits CBD légaux, malgré leur teneur inférieure à 0,3% de THC, peuvent également provoquer des faux positifs lors de consommations répétées.

À noter : Le test DRAGER DRUGTEST 5000, dispositif de référence utilisé par les forces de l'ordre françaises, possède ses propres spécificités techniques et sources d'erreur documentées dans la littérature scientifique. Connaître le modèle exact utilisé lors de votre contrôle peut s'avérer déterminant pour votre défense.

L'impossibilité de mesurer l'affaiblissement réel des facultés

Contrairement à l'alcootest qui mesure précisément le taux d'alcoolémie, le test salivaire se limite à détecter la présence de substances sans pouvoir quantifier leur concentration ni évaluer l'état d'affaiblissement du conducteur. Cette limitation technique fondamentale a d'ailleurs été reconnue par la Cour de cassation dans son arrêt du 12 mars 2025 (n° 24-82.925).

Un conducteur ayant consommé du cannabis trois jours auparavant peut encore présenter des traces détectables, alors que ses facultés ne sont plus altérées. Cette fenêtre de détection élargie varie considérablement selon les substances et la fréquence d'usage : jusqu'à 72 heures pour un usage occasionnel de cannabis, 8 jours pour un usage régulier, 36 heures pour la cocaïne en usage occasionnel. Cette durée de détection crée une déconnexion entre le résultat du test et la capacité réelle à conduire en sécurité.

Les vices de procédure : votre première ligne de défense face à la contestation du dépistage salivaire

Les forces de l'ordre commettent régulièrement des erreurs procédurales qui peuvent invalider l'ensemble du contrôle. L'oubli de notifier le taux exact de substance détectée constitue un vice majeur, car cette information conditionne votre capacité à exercer vos droits de défense.

Le défaut d'information sur votre droit à demander une contre-expertise représente une irrégularité substantielle. Chaque conducteur doit être expressément informé de cette possibilité au moment du prélèvement. L'absence de cette mention compromet irrémédiablement vos droits selon la jurisprudence constante.

Une erreur particulièrement grave consiste pour l'agent à effectuer lui-même le prélèvement salivaire. La réglementation impose que le conducteur réalise personnellement cette opération selon les modalités précises définies par l'arrêté du 13 décembre 2016 (le collecteur doit être placé dans la cavité buccale selon des modalités précises). Tout manquement à cette règle entraîne la nullité automatique de la procédure.

  • Absence de prélèvement sanguin après réservation du droit de contre-expertise
  • Kit non scellé ou ouvert hors de votre présence
  • Agent ne portant pas de gants jetables
  • Contradictions entre rapports de différents services de police
  • Destruction accidentelle des échantillons par le laboratoire
  • Défaut de recherche d'une des quatre familles obligatoires de substances (cannabiniques, amphétaminiques, cocaïniques, opiacés)

L'affaire jugée par le Tribunal de Nanterre en juin 2024 illustre parfaitement l'importance de ces détails. Les contradictions flagrantes entre le rapport de la police municipale et celui de la police nationale ont conduit à l'annulation pure et simple du test de dépistage.

Exemple concret : En novembre 2024, Monsieur L., commercial itinérant de 42 ans, a été contrôlé positif aux opiacés lors d'un contrôle routier à Caen. Souffrant de douleurs chroniques suite à un accident du travail, il suivait un traitement à base de tramadol prescrit par son médecin. Malgré la présentation immédiate de son ordonnance, les agents ont omis de consigner cette information dans le procès-verbal. De plus, le prélèvement salivaire a été effectué directement par l'agent, contrairement aux dispositions de l'arrêté du 13 décembre 2016. Grâce à ces deux vices de procédure identifiés par son avocat en droit routier et infractions au code de la route, la procédure a été annulée et Monsieur L. a conservé son permis de conduire, indispensable à son activité professionnelle.

Vos droits lors d'un contrôle : les actions immédiates pour préserver la contestation du dépistage salivaire

Face à un test positif, votre première réaction déterminera vos possibilités de défense ultérieures. Exigez immédiatement une contre-analyse sanguine complémentaire. Cette analyse constitue une preuve scientifique fiable devant l'autorité judiciaire, contrairement au simple test salivaire.

Réservez-vous expressément le droit de demander une contre-expertise au moment même du prélèvement. Cette déclaration, condition sine qua non pour pouvoir l'exercer ultérieurement, doit être clairement formulée et consignée dans le procès-verbal. Sans cette réserve initiale, vous perdez définitivement ce droit fondamental.

Présentez immédiatement toute ordonnance médicale ou certificat médical attestant d'un traitement en cours. Les agents doivent obligatoirement consigner ces informations qui pourront expliquer un résultat positif lié à des médicaments légaux.

Les délais stricts à respecter pour une contestation efficace

La réglementation impose un délai de 5 jours suivant la notification des résultats pour demander une contre-expertise. Ce délai, harmonisé avec les règles applicables à l'alcool depuis le Décret n° 2016-1152 du 24 août 2016, ne souffre aucune exception (avant cette date, aucun délai n'était prévu et la demande pouvait être formulée des mois ou années après les faits). Passé ce délai, vous perdez irrémédiablement ce droit.

La demande doit être adressée au tribunal judiciaire compétent, dont l'identité figure obligatoirement sur la notification. Vérifiez également que le taux de THC détecté dépasse bien le seuil légal de 1 ng/ml de sang fixé selon l'arrêté du 5 septembre 2001 fixant les seuils minimaux de détection des stupéfiants. En dessous de ce seuil, l'infraction ne peut être légalement constituée.

Vous pouvez également demander, dans les mêmes conditions, la recherche de médicaments psychoactifs qui auraient pu interférer avec le test. Cette analyse complémentaire peut révéler la véritable cause d'un résultat positif et démontrer votre bonne foi.

Conseil important : La procédure de contre-expertise doit obligatoirement être confiée à un second expert biologiste différent du premier, à peine de nullité. Cette garantie d'indépendance assure l'impartialité de la seconde analyse et constitue un point de vérification supplémentaire pour votre défense.

La stratégie de défense optimale : l'expertise juridique au service de la contestation du dépistage salivaire

La complexité technique et juridique des dépistages salivaires nécessite une défense spécialisée capable d'exploiter chaque faille. L'exploitation des contradictions entre deux expertises permet de créer un doute raisonnable qui doit profiter au prévenu selon le principe fondamental du droit pénal.

La documentation exhaustive de votre historique médical constitue un élément crucial. Chaque médicament consommé dans les jours précédant le contrôle doit être précisément répertorié avec ses dates de prise et posologies. Cette traçabilité permet d'identifier les facteurs susceptibles d'avoir influencé les résultats.

L'argumentation juridique peut également porter sur l'impossibilité matérielle d'exercer votre droit de contre-expertise. Si les forces de l'ordre ont omis de réaliser le prélèvement sanguin obligatoire après votre demande expresse, vos droits sont "irrémédiablement compromis" selon l'arrêt de la Cour de cassation du 15 octobre 2024. Toutefois, depuis l'arrêt du 12 mars 2025 (n° 24-82.925), les forces de l'ordre ne sont plus tenues de justifier la fiabilité, la validité ou les conditions d'utilisation du test salivaire, limitant drastiquement les possibilités de contestation technique.

Face à cette complexité procédurale et aux enjeux considérables - suspension du permis, sanctions pénales, impact professionnel - l'accompagnement par un avocat s'avère indispensable dès le contrôle initial. Seule une expertise pointue permet de préserver l'ensemble de vos droits et d'identifier toutes les voies de contestation possibles.

Maître HASSOUMI KOUNTCHE Boubacar, avocat à Caen, met son expertise au service des automobilistes confrontés à ces situations délicates. Fort d'une connaissance actualisée du droit routier et des évolutions jurisprudentielles récentes, le cabinet propose un accompagnement personnalisé adapté à chaque situation particulière. La réactivité et la transparence constituent les valeurs fondamentales du cabinet, avec des honoraires clairement communiqués et la possibilité de bénéficier de l'aide juridictionnelle. Si vous êtes confronté à un dépistage salivaire positif dans la région de Caen, n'attendez pas que les délais expirent : une consultation rapide peut faire toute la différence pour préserver vos droits et votre permis de conduire.